Présentation
Ce sont des produits phytosanitaires et biocides pesticides utilisés autrefois dans le traitement du bois, des semences et la lutte contre les termites.
Ils sont également utilisés comme médicaments sous forme de traitement antiparasitaire : shampooing contre les poux chez l’homme, traitement des ectoparasites chez les animaux domestiques.
Les organochlorés ont une utilisation limitée dans certains pays du fait de leur rémanence. En France, sont interdits pour l’agriculture le lindane, l’adrin, le dieldrin, le chlordane, l’heptachlore et le DDT. A l’inverse, l’endosulfan et le dicofol sont autorisés pour l’usage agricole.
Espèces concernées
Chiens, chats et bovins sont les espèces les plus souvent intoxiquées par les organochlorés.
Les animaux sauvages sont moins touchés, même si les poissons sont très sensibles.
Circonstances de l'intoxication
Il peut s’agir de l’ingestion des semences traitées, de la consommation de médicament (par léchage ou ingestion de solution pure) ou de bains trop concentrés ou trop fréquents, le passage étant alors transcutané. Généralement l’intoxication accidentelle est aiguë, mais il existe une possibilité d’intoxication chronique du fait de la forte rémanence de ces molécules.
Il peut enfin y avoir lésion du nerf auriculaire lors de traitement de l’oreille avec un tympan lésé. Cela provoque une intoxication chronique avec lésion nerveuse irréversible, surtout si la pommade contient des aminosides, même si théoriquement il n’y a plus d’association entre ces molécules.
Toxicité
Les organochlorés sont des molécules très rémanentes et très lipophiles, qui se concentrent dans le système nerveux central et le tissu adipeux.
Les doses toxiques sont assez faibles :
- Lindane, DL50 orale :
- chien : 30-200 mg/kg
- chat : 35 mg/kg
- bovins : 20 mg/kg
- CL50 poissons : 0,04-0,07 mg/L
- Aldrin, DL50 orale :
- chien : 65 mg/kg
- chat : 10-15 mg/kg
- lapin : 50 mg/kg
Pharmacocinétique
Passage des barrières :
Passage transplacentaire :
- ne pas traiter les femelles gestantes car il y a un risque de troubles chez les petits même si la femelle n’en présente pas, attention en particulier au traitement antiparasitaire externe
Passage dans le lait :
- le lait est une voie d’élimination importante
- lors d’intoxication de vaches, chèvres ou brebis laitières, continuer la traite car cela accélère l’élimination des organochlorés mais éliminer le lait de la consommation et de la transformation
- le seuil minimum est de 0,01 mg/L pour le lindane dans le lait, il faut environ un mois pour l’atteindre suite à une exposition massive. Si le lait est donné aux veaux, cabris ou agneaux, ils présenteront une intoxication chronique rapidement.
Passage dans les œufs :
- ils ne sont alors plus consommables, la mortalité est très rapide chez les oiseaux.
Symptomatologie
Les premiers signes apparaissent en quelques minutes, lors d’intoxication suraiguë, à quelques jours :
Intoxication aiguë : signes neuro-musculaires :
- première phase, avec angoisse et agitation, rarement observée
- hyperexcitation, surtout chez les bovins
- fasciculation des muscles faciaux (oreilles chez le chat), des muscles masséters, et des muscles cervicaux (tête et épaules)
- hyperesthésie
- convulsions avec d’abord des trémulations musculaires généralisées puis des convulsions cloniques (pédalage) et toniques
- parfois opisthotonos
- dépression (syndrome « en hypo » chez le chat)
- hypersalivation modérée souvent associée à des mâchonnements
- coma et mort en quelques heures à quelques jours
- durée variable de 24 heures à une semaine en fonction de la dose ingérée et de la masse graisseuse de l’animal. Le stockage est possible, avec un relargage à partir du tissu adipeux, d’où une intoxication prolongée.
Intoxication chronique :
- chez les animaux :
- signes neurologiques avec tremblements, ataxie, dépression
- anorexie, amaigrissement
- chute de production lactée
- mort de certains animaux
- chez l’homme :
- signes cutanés : érythème de contact
- troubles hépatiques du fait de l’hépatotoxicité de certains composés (chlorobenzène, heptachlore, polychlorocamphène)
- troubles rénaux avec certains dérivés de l’indane
- signes hématologiques : aplasie médullaire avec le lindane et le pentachlorophénol
Lésions
Elles sont non spécifiques ; on retrouve une congestion généralisée.
Diagnostic
Il est étiologique et clinique.
La recherche des organochlorés peut se faire sur des échantillons de foie, de graisse, d’encéphale ou de plasma.
Pronostic
Il est réservé.
Traitement
Traitement éliminatoire :
- décontamination cutanée avec du savon de Marseille et de l’eau tiède (la vasodilatation cutanée favorise l’absorption)
- faire vomir si l’ingestion est récente
- les diurétiques sont inutiles du fait de la nature lipophile des toxiques
Traitement symptomatique :
- calmer les convulsions avec du diazépam (Valium®) IV ou IR avec une efficacité de 2 à 3 heures ; les fasciculations ne disparaissent pas avec le Valium®
- analeptiques cardio-respiratoires (Dopram V®) peu utiles
- mettre l’animal au calme et à l’obscurité du fait de l’hyperesthésie
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