Présentation
Kalanchoe est un genre botanique contenant entre 150 et 200 espèces suc- culentes tropicales à fleurs de la famille des Crassulaceae. Ce genre est originaire de l’Afrique du Sud, de Madagascar et d’Australie et est désormais largement représentée en France suite à son introduction en tant que plante ornementale. La plupart sont des plantes vivaces herbacées ou buissonnantes, mais certaines sont annuelles ou bisannuelles. Les plantes de ce genre ont en général des feuilles épaisses, d’un vert foncé et succulentes accompagnés de grappes de fleurs aux couleurs variées (mais les couleurs telles que le rouge, le jaune, l’orange et la blanc sont prédominants).
Image de la planteEspèces concernées
Le chien et le chat sont concernés par l’intoxication aux espèces de Kalanchoe, ainsi que les ovins et bovins dans les pays où poussent ces plantes.
Circonstances de l'intoxication
Elle fait suite à l’ingestion et/ou au mâchonnement d’une quelconque partie de la plante.
Toxicité
Les doses toxiques n’ont pas été fixées chez les carnivores domestiques, cependant chez les bovins la dose létale est estimée à 7 grammes de fleurs par kilogramme de poids vif ou 40 grammes de feuilles par kilogrammes de poids vif.
Mécanisme de toxicité
Les espèces de Kalanchoe contiennent des glycosides cardiaques toxiques, les bufadienolides (incluant bryotoxine, bryophylline et bersalgenine). Ces glycosides cardiaques ont des effets similaires à la digitaline : ils inhibent le fonctionnement de la pompe NaK-ATPase.
Le blocage de cette pompe va entrainer une augmentation du sodium intracellulaire et une diminution du potassium intracellulaire.
On va également avoir une augmentation de la concentration intracellulaire de calcium, ce dernier se fixant sur les protéines contractiles, d’où un effet inotrope positif et une hyperexcitabilité myocardique.
Ils vont également intervenir par l’intermédiaire du système nerveux autonome (de par leurs propriétés parasympathomimétiques), ils dépriment alors l’automatisme du nœud sinusal, du myocarde auriculaire et du nœud auriculo-ventriculaire.
Enfin, ils stimulent également le centre bulbaire du vomissement et irritent les muqueuses digestives.
Symptomatologie
Signes digestifs :
- hypersalivation
- diarrhée
- douleurs abdominales
Signes neurologiques :
- dépression
- faiblesse
- parésie de la région du cou
- ataxie
- paralysie
Signes cardiovasculaires et respiratoires :
- troubles de l’excitation :
- extrasystoles ventriculaires
- tachycardie sinusale ou ventriculaire (> 160 battements par minute)
- fibrillation auriculaire
- dyspnée
- troubles de la conduction (plus tardifs) :
- blocs atrio-ventriculaires (BAV1, BAV2)
- blocs sino-auriculaires (augmentation du tonus vagal)
- l’arrêt cardiaque peut intervenir dans les 4 à 5 jours suivants l’intoxication
Lésions
On va retrouver un œdème du myocarde, des hémorragies de l’épicarde, pulmonaires et intestinales.
Diagnostic
Il fera suite aux commémoratifs ou à l’observation de parties de la plante dans les vomissements de l’animal.
Pronostic
Il est réservé et dépend de la dose ingérée ainsi que de la rapidité de prise en charge médicale
Traitement
Aucun antidote spécifique n’existe, le traitement sera donc éliminatoire et symptomatique.
Traitement éliminatoire :
- faire vomir l’animal en cas d’ingestion récente
- pratiquer un lavage gastrique en cas d’ingestion plus ancienne
- administrer du charbon végétal activé
- placer l’animal sous fluidothérapie (attention à ne pas administrer de fluide contenant du calcium)
Traitement symptomatique :
- en cas d’anomalies cardiaques, il peut être judicieux de suivre l’ECG de l’animal
- correction des troubles cardiaques : ne pas administrer de bêta-bloquants :
- bradycardie et blocs auriculoventraiculaires (BAV) :
- glycopyrrolate (Robinul V®) 0,01 mg/kg toutes les 6 heures chez le chat et le chien. Moins d’effets secondaires que l’atropine et durée d’action supérieure.
- atropine IV : 0,05-0,1 mg/kg chez le chien ; 0,02-0,04 mg/kg chez le chat. A renouveler au besoin.
- tachycardie :
- lidocaïne (Xylocard®) IV lente : 2-4 mg/kg chez le chien ; 0,5 mg/kg chez le chat. Contre-indiquée en cas de blocs. A renouveler toutes les 20 à 60 minutes.
- arythmie cardiaque :
- mexilétine (Mexitil®) 3 mg/kg/j PO en 2 prises, indiquée pour les troubles du rythme ventriculaire
- aprindine (Fiboran®) 3-5 mg/kg/j PO en 2 prises, indiquée pour les troubles du rythme ventriculaire. La cholestryamine (Questran®) utilisée en médecine humaine lors d’intoxication aux digitaliques est un produit cher et sans effet intéressant ici.
- un traitement à base d’anticorps anti-digoxine a été décrit mais l’effet contre les glycosides cardiaques contenus dans les différentes espèces de Kalanchoe n’a pas été prouvé et la disponibilité de ces médicaments est problématique pour le vétérinaire.
Analyses
Aucune analyse ne permet de mette en évidence les glycosides cardiaques retrouvés dans les Kalanchoe.
Bibliographie
Cope, RB. 2005. Toxicology brief. The dangers of yew ingestion. Vet Med. 2005, Vol. 100, 9, pp. 646-650.
McKenzie, RA, Franke, FP et Dunster, PJ. 1987. The toxicity to cattle and bufadienolide content of six Bryophyllum species. Aust vet. 1987, Vol. 64, 10, pp. 298-301.
Milewski, LM et Khan, S. 2006. An overview of potentially life-threatening poisoning plants in dogs and cats. J vet Emerg crit Care. 2006, Vol. 16, 1, pp. 25-33.