Toxicologie des animaux de compagnie
Les Aracées
Présentation

Les Aracées sont des plantes largement représentées en toxicologie : Dieffenbachia (le plus toxique de la famille), Philodendron, Anthurium, Spathiphyllum, Alocasia et Schefflera en sont quelques exemples. Elles ont pour point commun d’avoir un latex très riche en cristaux d’oxalate de calcium et en enzyme protéolytique responsables de la toxicité de la plante. Etant contenus dans le latex, toutes les parties de la plante sont toxiques (mais la tige semble être plus toxique que les feuilles).

Images des principales plantes :

Dieffenbachia

Philodendron

Schefflera

Espèces concernées
Le chat, le chien ainsi que les N.A.C.
Circonstances de l'intoxication
Trois circonstances d’intoxication sont décrites :
  • par voie orale (mâchonnement de feuille ou léchage de pattes contaminées par la sève de la plante)
  • par contact cutané
  • par voie oculaire (avec projection de sève dans l’œil)
Toxicité
Les DL50 n’ont pas été déterminées chez nos carnivores domestiques, mais on peut présumer d’une forte toxicité au vu du nombre important de cas recensés chaque année. A noter qu’un seul cas mortel faisant suite à une obstruction respiratoire a été décrit dans la littérature.
Mécanisme de toxicité
La toxicité de ces plantes fait intervenir 2 molécules : les cristaux d’oxalates agencés en micro aiguilles (dénommées « raphides ») et une enzyme protéolytique (la dumbcaïne). Les raphides semblent être capables de transpercer les tissus avec lesquels elles entrent en contact permettant alors la pénétration de la dumbcaïne. Les enzymes protéolytiques contribueraient alors à stimuler l’inflammation locale décrite dans les signes cliniques.
Symptomatologie
Les premiers signes apparaissent en quelques minutes quelle que soit la voie d’intoxication.
Signes ophtalmologiques :
  • kératoconjonctivite
  • ulcère cornéen
  • œdème des paupières
Signes dermatologiques :
  • œdème cutané
  • éryhtème (peut être extrêmement douloureux)
Signes digestifs :
  • anorexie
  • ptyalisme
  • vomissements
  • diarrhée plus ou moins hémorragique
Signes respiratoires :
  • dyspnée
  • asphyxie
Lésions
Les lésions retrouvées lors d’autopsie sont des lésions d’œdème, de stomatite avec parfois nécrose et desquamation de la muqueuse buccale, d’œsophagite et de gastrite.
Diagnostic
Il se fait essentiellement par le biais de l’anamnèse. Il faudra sans cela y penser sur un animal en hypersalivation avec un œdème marqué des muqueuses.
Pronostic
Il va de bon à réservé en cas d’intoxication majeure avec obstruction totale des voies respiratoires supérieures. L’évolution est en général favorable mais peut demander une semaine.
Traitement
Traitement éliminatoire :
  • ne pas faire vomir l’animal (comme pour tout produit irritant ou corrosif)
  • la gastrotomie est conseillée pour évacuer le matériel ingéré
  • pratiquer une décontamination cutanée (désinfection classique) et/ou oculaire (au sérum physiologique) en cas d’atteinte
Traitement symptomatique :
  • soutien de la fonction respiratoire, avec trachéotomie dans les cas les plus graves
  • utilisation de corticoïdes et antihistaminiques contre l’inflammation
  • une analgésie peut être souhaitable en cas de forte douleur
Bibliographie
Campbell, A. 1998. Poisoning in small animals from commonly ingested plants. In Pract. 1998, Vol. 21, 5, pp. 587-591.
Faliu, L. 1991. Les intoxications du chien par les plantes et produits d'origine végétale. Prat méd chir Anim Cie. 1991, Vol. 21, 11, pp. 549-562.
Peterson, K, Beymer, J, Rudloff, E et O'Brien, M. 2009. Airway obstruction in a dog after Dieffenbachia ingestion. J vet Emerg crit Care. 2009, Vol. 19, 6, pp. 635-639.