Toxicologie des animaux de compagnie
Le métaldéhyde
Présentation
C’est une molécule utilisée comme molluscicide, sous forme de granulés, le plus souvent de couleur bleue, mais pas systématiquement. Rappelons que la couleur n’est jamais spécifique de la molécule utilisée.
Espèces concernées
Chiens, bovins, équidés et lagomorphes sauvages sont les espèces les plus souvent intoxiquées au métaldéhyde. Le chat et les autres espèces le sont plus rarement.
Circonstances de l'intoxication
Il s’agit souvent de l’ingestion accidentelle de granulés titrant à 4-5%. Certains granulés contiennent un répulsif pour prévenir l’ingestion par les chiens et les chats. L’efficacité n’est cependant pas totale.
Il peut également s’agir de l’ingestion d’appâts, souvent carnés, disposés par malveillance.
Toxicité
Le métaldéhyde est un poison convulsivant dont le mécanisme d’action est peu connu. Les convulsions seraient, pour partie, liées à la formation de paraldéhyde à partir du métaldéhyde.
Il a également une action irritante sur le tube digestif. Les DL50 suivantes sont données pour une administration per os :
  • chez le chien : 500 mg/kg
  • chez le chat : 500 mg/kg
  • chez le rat : 700 mg/kg
  • chez le cobaye : 500 mg/kg
  • chez le lapin : 1250 mg/kg
  • chez les caprins : 800 mg/kg
  • chez les équins et les ovins : 300 mg/kg
  • chez les bovins et les porcins : 400 mg/kg
Symptomatologie
Les premiers signes apparaissent 1 à 3 heures après ingestion :
Troubles du comportement :
  • inquiétude
  • ébriété
  • hallucinations
  • abattement
  • agressivité
Signes neurologiques :
  • ataxie
  • tremblements
  • convulsions cloniques violentes (pédalage) sans phase de repos
Signes digestifs :
  • hypersalivation, salive liquide
  • vomissements
  • diarrhée
Autres signes :
  • mydriase
  • inconscience rapide par hypoxie et libération de paraldéhyde neurotoxique
  • mort par asphyxie très rapide par contraction des muscles respiratoires ou acidose
  • lactation diminuée pendant quelques jours en réponse à l’intoxication clinique ; penser à éliminer le lait pendant au moins 48 heures.
Lésions
Elles sont non spécifiques :
  • congestion généralisée
  • dégénérescence hépatique et rénale (inconstantes)
  • gastro-entérite hémorragique parfois
Diagnostic
Il peut être étiologique, sinon on peut effectuer la recherche de métaldéhyde sur le contenu gastrique, les vomissures, le plasma, l’humeur aqueuse et les appâts.
Pronostic
Il est réservé.
Traitement
Traitement éliminatoire :
  • faire vomir dans les 2 heures suivant l’ingestion si l’animal est capable de le supporter
  • lavage gastrique si nécessaire, et si l’animal peut le supporter
  • perfusion de soluté isotonique et diurétique (furosémide, Furozenol® ou Dimazon®)
Traitement symptomatique :
  • calmer les convulsions :
    • chez les carnivores : diazépam (Valium®) 1-2 mg/kg en IV ou IR, à renouveler si nécessaire. Passer au pentobarbital sodique 30 mg/kg IV, si le diazépam ne suffit pas. Attention dans ce cas à la dépression cardiaque et respiratoire.
    • chez le cheval : diazépam (Valium®) 0,1-0,2 mg/kg
    • chez les bovins : xylazine (Rompun®)
  • calmer l’hypersalivation : atropine 0,01-0,05 mg/kg IV. Attention au ralentissement du transit digestif.
  • favoriser la respiration : analeptiques cardio-respiratoires (Dopram®)
  • mettre l’animal au calme
  • traitement de la gastro-entérite :
    • pansements gastriques comme Phosphaluvet® ou Smectivet®. Le charbon végétal est peu efficace.
    • antibiothérapie (type kaomycine) à associé au pansement gastrique en cas de diarrhée hémorragique
    • les antispasmodiques de type bromure de prifinium (Prifinial®) ne doivent pas être associés à l’atropine pour éviter les surdosages. Il ne faut pas administrer ce produit plus d’une journée.
Analyses
La recherche du métaldéhyde peut s’effectuer sur le contenu gastrique, les appâts, le plasma, l’humeur aqueuse ou les vomissures.
Bibliographie
Lorgue, G, Lechenet, J et Rivière, A. 1996. Clinical veterinary toxicology. Oxford : Blackwell Science, 1996. p.210.
Plumlee, KH. 2001. Pesticide toxicosis in the horse. Vet Clin North Am Equine Pract. 2001, Vol. 17, 3, pp. 491-500.
Yas-Natan, E, Segev, G et Aroch, I. 2007. Clinical, neurological and clinicopathological signs, treatment and outcome of metaldehyde intoxication in 18 dogs. J Small Anim Pract. 2007, Vol. 48, 8, pp. 438-43.