Toxicologie des animaux de compagnie
Le fipronil
Présentation
Le fipronil est un insecticide récent de la famille des phénylpyrazolés, essentiellement utilisé comme antiparasitaire externe dans la prévention et le traitement des infestations par les puces (Frontline®), mais aussi comme pesticide pour lutter contre les fourmis, les cafards, les termites et les criquets ou encore dans le traitement des semences, de céréales par exemple.
Il agit par inhibition compétitive de l’acide gamma-aminobutyrique (GABA), principal neurorégulateur du système nerveux central des invertébrés.
Dans le cadre de son utilisation comme antiparasitaire externe, la posologie dépend de la présentation du produit :
  • sous forme de spray pour chiens et chats : 7,5-15 mg/kg
  • sous forme de spot-on pour chiens et chats :
    • chez le chat : 50 mg/animal
    • chez le chien : 67-268 mg/animal
Le fipronil est utilisable chez les chatons et les chiots sous la forme de spray. Pour les spot-on, il est conseillé d’attendre l’âge de 3 mois chez le chaton et un poids de plus de 2 kg ou un âge de plus de 10 semaines chez le chiot.
L’utilisation du spray est à éviter chez les rongeurs et le lapin qui tolèrent mal l’excipient alcoolique.
Le traitement des oiseaux est à proscrire.
Après application, il y a diffusion du produit sur la peau et les poils. Du fait de sa grande rémanence, on l’utilise une fois par mois.
Espèces concernées
Le chien, le chat, et plus encore les Nouveaux Animaux de Compagnie sont susceptibles de présenter une intoxication ou une intolérance au traitement antiparasitaire à base de fipronil.
Circonstances de l'intoxication
Il s’agit la plupart du temps non pas d’une intoxication mais d’effets secondaires du produit, ou d’une utilisation non conforme aux précautions d’emploi : administration par voie orale, utilisation chez une espèce sensible (lapin).
Toxicité
La marge de sécurité est importante : la DL50 orale chez le chien est supérieure à 640 mg/kg, ce qui correspond à un flacon de 250 mL de Fronline® en spray, par kilogramme de poids vif. De la même manière, une administration par voie orale de 320 mg/kg chez le chat n’est pas à l’origine d’effets néfastes.
Le produit est non tératogène, non mutagène, non carcinogène et donc utilisable chez la femelle gestante ou allaitante.
Symptomatologie
Effet secondaires :
  • pour la forme spray :
  • Ces effets secondaires sont uniquement liés au solvant alcoolique :
    • chez le chien : vomissements, prostration, ataxie
    • chez le chat : prostration, salivation, vomissements, ataxie, mydriase.
    • Il s’agit de troubles sans gravité qui disparaissent spontanément.
    • chez l’homme : kératoconjonctivite en cas de projections dans l’œil : rincer abondamment et consulter un ophtalmologiste
  • pour la forme spot-on :
    • salivation lors de léchage
    • parfois réactions cutanées locales au point d’application
Surdosage, intoxication chez le lapin :
  • ne pas utiliser, même si la première application peut bien se passer
  • anorexie apparaissant progressivement en plusieurs jours
  • prostration, dépression, trémulations musculaires, convulsions
  • mort fréquente en 3 à 4 jours
Traitement
Il est symptomatique et éliminatoire dans le cas d’une intolérance ou d’effets secondaires chez les carnivores. En cas d’affection cutanées, un bain donné dans les 48 heures suivant l’administration permet l’élimination du produit.
Le traitement est presque illusoire chez le lapin ; il faut tout de même traiter les convulsions au diazépam (Valium®).

Lors d’un appel pour un chat ou un chien présentant des signes sévères d’intoxication suite à l’administration de Frontline® (trémulations musculaires, convulsions, hypersalivation, vomissements, etc.), il convient de bien se renseigner sur le nom du produit employé : il s’agit la plupart du temps non pas de Frontline® (fipronil) mais d’une perméthrine qui se présente aussi sous forme de spot-on ou de spray antiparasitaire.
Bibliographie
Hovda, LR et Hooser, SB. 2002. Toxicology of newer pesticides for use in dogs and cats. Vet Clin Small Anim. 2002, Vol. 32, 2, pp. 455-67.
Plumlee, KH. 2004. Clinical Veterinary Toxicology. Saint-Louis : Mosby, 2004. p.477.