Toxicologie des animaux de compagnie
Le white-spirit
Présentation
Le white-spirit est un hydrocarbure, généralement utilisé comme solvant pour dissoudre et diluer les peintures glycérophtaliques.
Espèces concernées
Le chien et le chat sont les espèces les plus susceptibles de s’intoxiquer au white-spirit.
Circonstances de l'intoxication
Il peut s’agir de l’ingestion accidentelle du solvant ou d’encaustiques, d’aspersion accidentelle ou d’inhalation de vapeurs. Enfin le propriétaire peut être tenté de nettoyer des taches de peintures ou d’hydrocarbures sur le pelage de son animal.
Toxicité
C’est un produit très irritant et très volatil qui diffuse très bien au niveau pulmonaire.
L’élimination se fait par voie pulmonaire, rénale et hépatique.
Le white-spirit est lipophile, il peut donc atteindre le système nerveux central.
Les doses toxiques ne sont pas connues.
Symptomatologie
Les premiers signes apparaissent en quelques minutes à quelques heures après exposition :
Signes cutanés :
  • érythème
  • douleur intense, prurit
  • brûlure puis évolution avec formation de crevasse, peau « cartonnée »
  • infection secondaire des lésions cutanées
  • alopécie possible mais réversible
Signes digestifs :
  • nausées
  • stomatite et hypersalivation lors de léchage
  • vomissements fréquents et importants
  • œsophagite
  • coliques
  • diarrhée rare
  • dysphagie ou anorexie
On note également parfois une hépatomégalie pendant 4 à 6 semaine, de type stéatose.
Signes respiratoires :
  • dyspnée
  • toux, bronchospasme
  • œdème pulmonaire lésionnel en quelques heures à quelques jours
Signes neurologiques :
  • hyperexcitabilité, agitation
  • ataxie
  • convulsions surtout chez le chat
  • prostration sévère et longue liée en partie à la douleur
  • coma
Signes rénaux :
  • insuffisance rénale aiguë due au toxique lui-même et à l’hypoperfusion rénale
  • déshydratation
Lésions
Elles ne sont pas spécifiques et varient en fonction de la voie de pénétration :
  • gastro-entérite
  • œdème pulmonaire
  • dermatite avec œdème
  • néphrite
Diagnostic
Il est essentiellement étiologique, l’odeur accompagnant l’animal confirmant l’hypothèse.
Pronostic
Il est généralement bon pour le chien. Il est réservé pour le chat à cause de l’anorexie post-intoxication.
Traitement
Traitement éliminatoire :
  • laver l’animal à l’eau tiède et au savon de Marseille ou avec du liquide vaisselle
Traitement symptomatique :
  • signes digestifs :
    • pansements digestifs et anti-vomitifs
    • en cas d’anorexie chez le chat, gaver l’animal à la seringue ou via une sonde naso-œsophagienne, orexigènes au besoin
  • signes neurologiques :
    • calmer les convulsions avec du diazépam (Valium®)
  • signes respiratoires :
    • corticoïdes à action rapide (méthylprednisolone, Solumedrol®) pour lutter contre l’œdème aigu du poumon et l’inflammation cutanée et digestive.
    • furosémide (Dimazon®, Furozénol®) et fluidothérapie pour lutter contre l’œdème aigu du poumon sans aggraver la déshydratation
    • analeptiques cardio-respiratoires et oxygénothérapie
  • signes rénaux :
    • fluidothérapie (Ringer Lactate®) en prévention de la déshydratation et des troubles rénaux. Vérifier l’ionogramme au besoin.
  • signes hépatiques :
    • hépato-protecteurs, dont l’efficacité reste à prouver
  • signes cutanés :
    • pommade sur les plaies et brûlures, du type Sulmidol®, Dermaflon® ou Flammazine®
  • antibiothérapie de couverture, type amoxicilline ou fluoroquinolone
Bibliographie
Lorgue, G, Lechenet, J et Rivière, A. 1996. Clinical veterinary toxicology. Oxford : Blackwell Science, 1996. p.210.