Toxicologie des animaux de compagnie
Le laurier-cerise
Présentation

Le laurier-cerise (Prunus laurocerasus L.) est un arbuste de la famille des Rosacées. Bien qu’ayant le nom de laurier, cette plante ne fait pas partie du genre Laurus. Il est couramment utilisé en tant que plante ornementale, ou encore planté en haies. Ses feuilles sont de forme éplliptiques et lancéolées. Ses fleurs sont d’un blanc contrastant avec la couleur de ses fruits, de petites baies noires toxiques également pour l’homme.

Image de la plante
Espèces concernées
Le chien est principalement concerné par l’intoxication au laurier-cerise.
Circonstances de l'intoxication
Elle fait suite au mâchonnement et/ou à l’ingestion de feuilles ou de graines de laurier-cerise.
Toxicité
Aucune dose toxique n’a été fixée pour nos animaux de compagnie. A titre d’information, les DL sont de 0,5 à 1 kg de feuilles vertes chez le bovin et de 0,2 kg de feuilles vertes chez les ovins. La plante contient deux hétérosides cyanogénétiques, le prulaurasoside (prunasoside) dans ses feuilles (chaque feuille contient 1 à 2 g/kg d’HCN) et l’amygdaloside dans ses graines. Il est à noter que la plante est toujours toxique après dessiccation, ainsi les rameaux restés au sol après taille des haies peuvent être sources d’intoxications.
Symptomatologie
En cas d’atteinte suraiguë, on aura essentiellement convulsions, pédalage et une mort rapide après quelques minutes. Dans les formes aiguës, les signes seront les suivants :
Signes digestifs :
  • vomissements
  • diarrhée
Signes neurologiques et musculaires :
  • ataxie
  • tremblements musculaires
  • nystagmus
  • mydriase
  • convulsions
  • opisthotonos
Signes respiratoires :
  • dyspnée
  • polypnée
Lésions
On retrouvera des lésions de congestion et de cyanose des muqueuses ainsi que de l’œdème pulmonaire et un sang d’aspect laqué.
Diagnostic
Il repose essentiellement sur l’anamnèse et l’analyse du lieu de vie de l’animal et des sources possibles de toxiques. On observera parfois des extraits de plante dans les vomissements de l’animal.
Pronostic
Il est très sombre. Il devient bon si l’animal survit 2 heures après l’apparition des signes cliniques.
Traitement
Il est souvent illusoire au vu de l’évolution trop rapide de l’intoxication, cependant un traitement spécifique existe, auquel il sera bon d’ajouter les mesures symptomatiques habituelles.
Traitement spécifique :
  • EDTA dicobaltique (Kélocyanor®) à 20-25 mg/kg en IV
Analyses
L’envoi de contenu stomacal pour détecter la présence d’HCN est possible mais les composés sont très volatils : on prendra soin d’effectuer un prélèvement rapidement et de le congeler immédiatement.
Bibliographie
Faliu, L. 1991. Les intoxications du chien par les plantes et produits d'origine végétale. Prat méd chir Anim Cie. 1991, Vol. 21, 11, pp. 549-562.
Lelong, F. 2008. Les belles et les bêtes : précis illustré de toxicologie botanique à usage vétérinaire. Thèse de Doctorat Vétérinaire (Nantes). 2008, Vol. , , pp. 327.
Pouliquen, H. 2004. Pharmaco-toxicologie. Intoxications par les plantes d'extérieur. Action vét. 2004, Vol. 1693, , pp. 17-20.