Toxicologie des animaux de compagnie
Le colchique
Présentation

Le colchique (Colchicum autumnale), également appelé tue-chien, est une plante de la famille des Liliacées connue en toxicologie pour ses nombreux représentants (Lys, muguet, oignon, …). C’est une plante herbacée mesurant de 20 à 50 cm vivace grâce à un bulbe. Elle présente la particularité d’avoir deux apparences très différentes : en automne, seules les fleurs apparaissent au niveau du sol (formées de trois pétales et trois sépales roses) tandis qu’au printemps, de larges feuilles lancéolées apparaissent entourant le fruit. Le colchique est un toxique largement connu du fait de son utilisation en thérapeutique humaine mais également en raison de sa toxicité pour l’homme.

Image de la plante
Espèces concernées
Le chien et le chat sont concernés par l’intoxication par le colchique, mais également les ruminants et l’homme.
Circonstances de l'intoxication
L’intoxication survient suite au mâchonnement de la plante ou suite à l’ingestion de médicaments humains contenant de la colchicine.
Toxicité
La colchicine est un alcaloïde entrainant l’arrêt des mitoses chez les cellules de l’organisme. La DL50 n’a pas été fixée chez nos animaux de compagnie mais semble se situer entre 0,5 et 0,8 mg/kg. La plus petite dose létale retrouvée dans la littérature est de 0,13 mg/kg chez le chien.
Mécanisme de toxicité
La colchicine est un alcaloïde dérivé de la phénylalanine qui, en se fixant aux microtubules intracellulaires, va stopper toute mitose au stade de la métaphase. La cellule ainsi bloquée devient non-viable et la formation des microtubules anormale va entrainer la mort cellulaire par apoptose.
Pharmacocinétique
La colchicine est rapidement absorbée après ingestion, le pic de concentration est retrouvé entre une demi-heure et deux heures post-ingestion. La colchicine va alors s’accumuler dans différents organes : les reins, le foie, la rate et la paroi intestinale. L’élimination se fait prioritairement par voie entéro-hépatique, mais 10 à 20% se fait par voie rénale. Cependant le taux de fixation par l’organisme est important, si bien que 10% seulement de la dose ingérée sera éliminée dans les 24 premières heures. Il faudra au minimum 10 jours à l’organisme pour éliminer la totalité de la dose ingérée.
Symptomatologie
Signes digestifs :
  • vomissements
  • diarrhée
  • hypersalivation
  • douleurs abdominales
Signes neurologiques et musculaires :
  • abattement
  • faiblesse musculaire
  • ataxie
  • parésie
  • déficits proprioceptifs
  • coma
  • convulsions
Signes généraux :
  • hypothermie
Signes hématologiques et biochimiques :
  • leucopénie
  • anémie
Lésions
L’examen nécropsique révèle la présence de congestion et d’hémorragies tout au long du tractus intestinal. A l’histologie on trouvera une nécrose des cryptes intestinales à l’origine de ces lésions.
Diagnostic
Il se fait essentiellement par observation directe de l’intoxication.
Pronostic
Il est sombre dans tous les cas.
Traitement
Aucun antidote n’est connu à ce jour, le traitement sera donc essentiellement éliminatoire et symptomatique.
Traitement éliminatoire :
  • faire vomir l’animal si l’ingestion est récente
  • pratiquer un lavage gastrique et/ou administrer du charbon végétal activé pour diminuer l’absorption
Traitement symptomatique :
  • administrer un pansement digestif (comme du sucralfate)
  • corriger les déséquilibres électrolytiques
  • corriger une éventuelle acidose métabolique
  • des antibiotiques peuvent être administrés en prévention du sepsis
Bibliographie
Milewski, LM et Khan, S. 2006. An overview of potentially life-threatening poisoning plants in dogs and cats. J vet Emerg crit Care. 2006, Vol. 16, 1, pp. 25-33.
Wagenaar, Z. 2004. Accidental colchicine poisoning in a dog. Can vet J. 2004, Vol. 45, 1, pp. 55-57.