Toxicologie des animaux de compagnie
Le chêne
Présentation

Le chêne est le nom de nombreuses espèces d’arbres du genre Quercus appartenant à la famille des Fagaceae. Largement répandu (c’est l’arbre le plus représenté en France) et connu du grand public, sa toxicité provient de ses fruits akénoïdes, les glands. Ainsi que ce soit par jeu ou par déviation du goût, de nombreux chiens sont intoxiqués par cet arbre chaque année comme en témoignent les divers appels reçus au C.N.I.T.V.

Image de la plante
Espèces concernées
Les ruminants sont les principaux concernés mais le chien l’est également.
Circonstances de l'intoxication
L’intoxication fait suite à l’ingestion de glands, plus rarement de feuilles et de rameaux. Cette consommation est renforcée lors de sécheresse en fin d’été.
Toxicité
Aucune dose toxique n’a été fixée à ce jour chez le chien.
Mécanisme de toxicité
La toxicité des glands est liée à la présence de tanins hydrolysables (tanins pyrogalliques donnant par hydrolyse de l’acide gallique lui-même dégradé par carboxylation en pyrogallol), dont la concentration est plus importante lorsque les glands sont encore verts. Après résorption, ces composés sont oxydés au niveau du foie, puis conjugués. L’élimination se fait principalement par voie urinaire, mais il existe également un cycle entéro-hépatique. Ces acides phénoliques sont des agents hépatotoxiques et néphrotoxiques dont le mécanisme est encore mal connu.
Symptomatologie
Signes digestifs :
  • vomissements
  • constipation évoluant vers une diarrhée noirâtre
Signes neurologiques :
  • convulsions
  • ataxie
  • cécité
Signes rénaux :
  • insuffisance rénale (augmentation urée / créatinine plasmatiques)
Lésions
Au vu de l’absence de données concernant le chien, nous ferons ici la liste des lésions observées concernant les ruminants :
  • congestion généralisée avec odeur urineuse
  • gastro-entérite hémorragique
  • congestion et dégénérescence particulièrement marquées au niveau du foie et des reins
  • œdème péri-rénal
  • dégénérescence musculaire avec suffusions sanguines
Diagnostic
Le diagnostic repose essentiellement sur les données de l’anamnèse.
Pronostic
Il dépend de la dose ingérée (donc de la maturité des glands) et de l’âge de l’animal. Il est en général bon mais peut être sombre en cas d’ingestion massive sur un jeune animal.
Traitement
Il n’existe pas d’antidote spécifique, le traitement sera donc essentiellement éliminatoire et symptomatique.
Traitement éliminatoire :
  • faire vomir l’animal en cas d’ingestion récente
  • on pourra pratiquer un lavage gastrique en cas d’ingestion plus ancienne
  • administrer du charbon végétal activé
  • placer l’animal sous fluidothérapie
Traitement symptomatique :
  • administrer des anti-vomitifs si les vomissements persistent au-delà de leur effet thérapeutique
  • administrer un pansement gastro-intestinal
  • administrer un stimulant de la motricité digestive et un laxatif en cas de constipation
  • administrer un hépatoprotecteur
Analyses
La confirmation analytique est possible mais n’est pas envisageable en clinique courante, il faudra pour cela prélever de l’urine ou du contenu stomacal.
Bibliographie
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