Présentation
On retrouve différentes dénominations pour le même composé toxique, selon la présentation : la marijuana (ou marihuana), encore appelée « herbe », correspond à tout ou partie de la plante (Cannabis sativa L. ; le chanvre indien) séchée. Le cannabis est un terme général désignant les substances dérivées des feuilles, tiges, fleurs séchées et graines du chanvre. Le haschich ou « shit » est un extrait de résine déshydratée des sommités florales, destiné à être fumé.
Notons que dans certains pays, le cannabis est utilisé en complément de chimiothérapie pour son effet anti-émétique.
Espèces concernées
L’espèce canine est la plus souvent rencontrée dans les cas d’intoxication au cannabis, bien que le chat et les Nouveaux Animaux de Compagnie puissent également être exposés. Les chiens policiers affiliés à la recherche de stupéfiants sont des cibles privilégiées.
Circonstances de l'intoxication
Il s’agit en règle générale d’une intoxication par ingestion (boulettes, barrettes, cookies…), mais également parfois par inhalation : exposition secondaire, chiens de police ou de douane.
Toxicité
Le principal composé toxique est le Δ-9-tétrahydrocannabinol (THC), concentré dans les feuilles et les fleurs. On retrouve également de nombreux cannabinoïdes et parfois même de l’opium dans le hachich.
Le mécanisme de toxicité exact n’est pas connu.
La dose létale minimum chez le chien est de l’ordre de 3 g/kg, tandis que la dose toxique est de 50 à 100 mg/kg pour la plante. Aucun cas mortel n’a été rapporté du fait de la marge de sécurité importante.
Pharmacocinétique
L’absorption est rapide par ingestion (30 à 60 minutes) ou inhalation. L’absorption est favorisée par les matières grasses, le THC étant très lipophile.
Il y a ensuite un cycle entéro-hépatique pour le THC avec une élimination essentiellement biliaire, et en moindre mesure (10 à 15%) urinaire. La métabolisation est hépatique.
Un passage dans le lait ou à travers la barrière placentaire est possible.
Symptomatologie
Les premiers signes apparaissent en 1 à 3 heures post-ingestion.
Signes neurologiques :
- euphorie au début, rapidement suivie d’une
- dépression avec prostration intense
- somnolence, ataxie (surtout postérieure), faiblesse, prostration
- trémulations musculaires
- mydriase, hallucination, nystagmus, photophobie, congestion des conjonctives, yeux vitreux
Autres signes :
- tachycardie ou bradycardie souvent accompagnée de tachypnée
- hypothermie ou hyperthermie
- vomissements fréquents chez les chiens malgré l’important effet anti-émétique du THC
- modifications comportementales : peur, excitation, prostration, hyperesthésie, agressivité, hurlements
- plus rarement discrète salivation, incontinence fécale et urinaire, convulsions, coma avec dépression respiratoire
Pronostic
Il est favorable en 24 à 72 heures, rarement 4 jours.
Traitement
Traitement éliminatoire :
- faire vomir dans l’heure, mais les émétiques sont peu efficaces du fait de l’effet anti-émétique du THC, de plus il est déconseillé de faire vomir un animal trop agité
- l’administration d’adsorbants, tels que le charbon végétal activé, est à répéter toutes les 4 à 6 heures du fait du cycle entéro-hépatique
Traitement symptomatique :
- surveiller la fonction cardiaque et la température
- tranquillisation au besoin (diazépam 0,5 mg/kg)
- atropine en cas de bradycardie
- analeptiques cardio-respiratoires
- fluidothérapie en cas d’hypotension
Bibliographie
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